Quels sont les ingrédients qui font la réussite esthétique et technique d’un produit ? Stefan Ambrozus nous explique les défis qui ont jalonné la conception de la nouvelle série Downline ainsi que la démarche pour arriver à un équipement de cuisine bien conçu.
Stefan, merci du temps que tu prends pour partager avec nous ta passion. Tout d’abord, pourrais-tu nous dire brièvement qui tu es et quel est ton parcours professionnel?
J’ai suivi une formation de designer industriel à Essen, une université à forte orientation technique. Cela me convenait très bien, car je n’ai jamais voulu faire de l’art, mais plutôt développer des produits fonctionnels pour faciliter concrètement la vie de tous les jours. Depuis mes études, je travaille à mon compte. Le Studio Ambrozus est un atelier de design industriel spécialisé dans la conception technique et esthétique de produits de série. La cuisine m’accompagne d’ailleurs depuis le début, notamment le secteur des hottes de cuisine.
Qu’est-ce qui t’attire en particulier vers le design des équipements de cuisine ?
La cuisine, c’est un espace passionnant et modulable – un lieu de vie sociétal qui s’exprime à travers le progrès technique et esthétique. C’est un espace hautement évolutif, car les matériaux, les exigences et les contextes sont en perpétuel mouvement. Cela rend la tâche passionnante. On pense que tout a déjà été inventé, mais ce n’est jamais le cas.
Quel a été le déclic pour redesigner la série Downline ?
La série Downline a eu du succès dès son lancement, il y a environ sept ans. Les équipements de cuisine doivent répondre à des exigences fonctionnelles et esthétiques qui se modifient au fil des ans. L’évidence est là : dès lors que l’espace cuisine évolue, un produit fort comme la Downline doit suivre. Il fallait conserver son identité tout en innovant.
Pourquoi avez-vous opté pour le format carré ?
La forme quadratique est bien plus qu’un simple choix esthétique. Il fallait que la série Downline reste reconnaissable sur le marché. Le motif d’origine était un rectangle aux angles arrondis. Il a logiquement été repris en format carré pour suivre le langage formel des cuisines modernes et pour renforcer l’identité visuelle de la série.
Quels étaient les défis à relever pour ce développement ?
Il fallait bien sûr répondre aux attentes modernes en matière de performance, de convivialité et d’intégration, mais surtout les dépasser. Un des plus grands défis a été de réduire la zone d’aspiration – le principe berbel prend plus de place que les aspirations standard. Nous avons pu dépasser ces limites techniques au fil du développement.
Quels étaient les objectifs initiaux au niveau design ?
La série Downline devait rester visuellement reconnaissable tout en entrant dans une nouvelle dimension technique et esthétique. Lignes claires et fonctionnalités modernes, voilà les ingrédients qui subliment la recette sans que le produit ne domine.
En quoi se distingue le cocktail fonctionnalité – esthétique de la nouvelle génération Downline ?
Par la simplicité du dessin et la convivialité des fonctions. Les zones de cuisson sont dotées d’un revêtement qui amortit les bruits et protège la surface. La logique de commande a été repensée – en ciblant les fonctions primaires, les autres passant au second plan. La nouvelle zone d’aspiration associe technique et design: héritées de l’ancienne Downline, les lamelles génèrent une puissante aspiration cyclonique qui assure une captation efficace des vapeurs de cuisson.
Quel rôle joue la capacité d’intégration dans les différents styles de cuisine ?
C’est un facteur essentiel. L’esthétique reste délibérément sobre afin de s’intégrer harmonieusement dans toutes les cuisines, tant modernes que classiques. La Downline doit fonctionner sans dominer.
Ton Studio prône la sobriété et la clarté. Comment le voit-on sur la série Downline ?
Un plan de cuisson aspirant est précisément intéressant du fait qu’il cache bien son jeu : très fonctionnel, mais très intégratif aussi. Lorsqu’un produit est efficace de par sa conception, il n’a pas besoin d’effets supplémentaires. Cela parle de soi.
Comment interpréter l’idée du « design sobre » selon toi ?
C’est le fait de respecter l’espace. La cuisine est l’expression de la personnalité. Un appareil au design sobre répond à cette maxime et s’intègre dans l’espace. Il ne raconte rien d’inutile, mais laisse le contexte agir.
Quel est le parcours entre l’idée initiale et le produit fini ?
C’est un processus itératif, comportant souvent plusieurs variantes en parallèle. Le dialogue avec la technique s’avère déterminant. Nous mettons les développeurs au défi, et inversement. C’est ainsi que le projet avance. Pour la nouvelle Downline, nous avons tracé la voie dès mars 2023, puis travaillé très étroitement avec le département technique.
Y a-t-il eu un moment révélateur durant le développement ?
La conception de la zone d’aspiration a été un défi tant technique que conceptuel. Le volet mobile Power Mover était un élément visuel fort de l’ancienne génération, mais il était devenu inutile du fait de la nouvelle technologie. Il aurait même dérangé. Son élimination a été un aiguillage conceptuel décisif au cours du développement.
Quels types de matériaux ont-ils été utilisés ?
Des matériaux de pointe, résistant aux contraintes d’un plan de cuisson : chaleur, humidité, produits de nettoyage, usure. C’est la seule façon de garantir la longévité.
La conception a-t-elle été influencée par des impératifs techniques ?
Absolument. Le nouveau module d’aspiration cyclonique a fortement influencé l’esthétique du produit. Son encombrement réduit a aussi été un vrai défi technique.
Quelles ont été les priorités de développement de la nouvelle logique de pilotage ?
Nous avons investi beaucoup de temps pour arriver à une utilisation intuitive et cohérente. Tout est dans la logique. Si je comprends un modèle, je les comprends tous.
Même la sonorité a été repensée. Pourquoi ?
Beaucoup d’équipements émettent une sonorité désagréable ou agaçante. Nous voulions des sonorités calmes et graves, qui confirment les fonctions en toute discrétion. Ces tonalités font partie de notre signature, tout comme l’expérience d’utilisation.
Quelle liberté offre la Downline aux concepteurs de cuisine ?
L’argument principal est la faible profondeur d’encastrement, ce qui permet d’imaginer de nombreuses solutions, pas seulement en îlot, mais aussi en niche. Un design discret offre une souplesse d’intégration qui convient à des espaces très différents.
Quels sont, selon toi, les aspects particulièrement passionnants pour les concepteurs de cuisine et les architectes ?
La série Downline répond aux exigences de qualité les plus élevées et s’adapte aux besoins de la clientèle grâce à l’échelonnement des différents modèles, de Compact à Infinity Pro. Le plus passionnant, c’est la possibilité de personnaliser l’équipement, par exemple en ajoutant les boutons rotatifs. Le nouveau panneau de commande tactile est par ailleurs à la pointe du progrès en termes de commande intuitive.
Quels sont tes conseils de présentation pour les revendeurs ?
L’idéal, c’est d’avoir un appareil en fonction. Ainsi, la clientèle peut expérimenter la sonorité, toucher les commandes et sentir la puissance d’aspiration. Outre les aspects visuels, il s’agit surtout de simuler les sensations au quotidien.
Les retours d’expérience des magasins spécialisés vous ont-ils influencés ?
Oui, beaucoup. Le souhait d’avoir des commandes plus simples ou un nettoyage plus simple provient souvent directement des studios de cuisine. Nous prenons ces souhaits très au sérieux et les intégrons dans le développement.
Quels arguments fonctionnent particulièrement bien lors d’un entretien de conseil ?
La clarté du produit est l’argument le plus convaincant : lorsque la forme, la fonction et l’utilisation sont cohérentes, il n’y a pas besoin de longues explications. La convivialité au quotidien se révèle à l’usage. Dans cette catégorie de prix, les facteurs émotionnels jouent aussi un rôle – le moment où un produit suscite l’enthousiasme. C’est précisément ce mélange de fonctions, de sensations et de personnalisation qui rend la Downline particulièrement attrayante.
Dans quelle direction se dirige le design des cuisines selon toi ?
Dans le segment haut de gamme, la tendance est nettement aux matériaux authentiques, qui contrastent avec le langage géométrique souvent très sobre des cuisines modernes. Leur cubisme est souvent allégé par des lignes verticales sans effacer leur linéarité.
Quel équipement de cuisine aurais-tu aimé inventer toi-même ?
Le moulin à poivre. C’est un objet simple, efficace, utile, fonctionnel, nécessitant un nettoyage minimal. Grandiose.
Y a-t-il des clichés qui t’agacent dans le design ?
On entend souvent dire à tort que le design sert à faire une belle enveloppe. C’est réducteur. Le « design », en anglais, est plus parlant – à la fois projet, fonction, structure et conception, le design est tout ce qui rend un produit vraiment utile et pertinent.
Quelle est ta fierté aujourd’hui ?
D’avoir créé la nouvelle série Downline. Sa logique interne, les possibilités de combinaison, l’évolution technique, tout cela la rend cohérente et prometteuse.
Si la série Downline était une personne, comment la décrirais-tu ?
Comme une personne qu’on croise à une fête, une rencontre qui magnétise instantanément la passion. Sur la réserve, mais avec du caractère. Une découverte à suivre.
Merci pour cet entretien, Stefan. Nous apprécions beaucoup la longue collaboration avec toi et ton Studio et nous nous réjouissons de lancer la nouvelle série Downline sur le marché.
